3.3 Infrastructure

3.3.1     Nous n'avons pas besoin de norme "discographique" de métadonnées : une résolution pour un domaine spécifique ne constituerait qu'une contrainte impraticable. Il nous faut disposer d'une infrastructure de métadonnées dont plusieurs composantes essentielles restent communes avec d'autres domaines, chacune pouvant être différente localement (sous forme d'un schéma d'extension), et qui puisse être mise en application par n'importe quel service d'archives audiovisuelles. Présentons quelques une des qualités essentielles pouvant aider à définir les exigences structurelles et fonctionnelles :

3.3.1.1  Versatilité : En ce qui concerne les métadonnées elles-mêmes, le système doit être capable de mettre en œuvre les entrées, la fusion, l'indexation, les perfectionnements et l'accès des utilisateurs à celles-ci à partir de différentes sources décrivant différents objets. Le système doit aussi être capable de définir les structures logiques et physiques ; les structures logiques représentant des entités intellectuelles tandis que les structures physiques représentent les médias physiques (ou supports) qui constituent la source des objets numériques. Le système ne doit pas être lié à un schéma particulier de métadonnées : il doit être possible de mixer des schémas, en application des profils (voir 3.9.8) adaptés auxbesoins particuliers des services d'archives sans pour autant compromettre l'interopérabilité. Le défi consiste à élaborer un système pouvant accueillir une telle diversité sans complication inutile pour l'utilisateur peu exigeant, et qui n'empêche pas ceux qui exigent au contraire une plus grande marge de manœuvre de mener des activités plus complexes.

3.3.1.2  Extensibilité : donner la possibilité d'accueillir une large gamme de sujets, de différents types de documents (i.e. images et fichiers texte) et des entités d'activités (authentification Utilisateur, licences d'utilisation, politique d'acquisition, etc.). Faire en sorte que les extensions puissent être développées et appliquées ou bien totalement ignorées sans casser l'ensemble ; en d'autres termes, accepter les expérimentations : les solutions consistant à implémenter des métadonnées relèvent d'une science immature.
    
3.3.1.3  Durabilité : Migration possible, maintenance peu onéreuse, facilité d'utilisation, pertinence à long terme et adaptation selon les objectifs fixés.

3.3.1.4  Modularité : Les systèmes utilisés pour créer ou insérer les métadonnées, les fusionner, les indexer et les exporter devront être de nature modulaire afin qu'il soit possible de remplacer un élément spécifique par un autre sans détruire pour autant l'ensemble.

3.3.1.5  Granularité : La granularité des métadonnées devra être suffisante pour subvenir à toutes les utilisations souhaitées. La granularité des métadonnées peut facilement être insuffisante tandis que dans certains cas, rares, la granularité est trop élevée pour certains usages.
 
3.3.1.6  Liquidité : Ecriture unique, nombreuses utilisations. La liquidité permet l'auto-documentation des objets numériques et de leur représentation au fil du temps ; les métadonnées d'archivage seront plus sollicitées dans de nombreux espaces de réseaux, elles procureront des retours sur investissements d'origine conséquents, en termes de financements et de temps.

3.3.1.7  Ouverture et transparence : Interopérabilité des supports avec d'autres systèmes. Pour répondre aux exigences telles que l'extensibilité, les normes, les protocoles, et les logiciels intégrés devront être aussi ouverts et transparents que possible.

3.3.1.8  Relationnel (hiérarchie / séquence / provenance) : Relations parents - enfants qui doivent être exprimées, enchaînement correct des séquences, ex. les scènes d'un spectacle dramatique, et dérivations. En ce qui concerne les items numériques : être capable de dresser précisément la cartographie et l'instanciation des supports originaux et du contenu intellectuel de leur fichier. Des procédures utiles pour s'assurer de l'authenticité de l'objet archivé (Tennant 2004).
 
3.3.2     Cette recette de la diversité est en soi une forme d'ouverture. Si une norme W3C (World Wide Web Consortium) telle que Extensible Markup Language (XML) (Langage de balisage extensible), langage largement adopté, est sélectionné, cela n'empêche pas des mises en œuvre particulières y compris la combinaison de normes telle que Material Exchange Format (MXF) (Formats d'échange des contenus) et Advance Authoring Format (AAF) (Formats d'édition avancée) de Microsoft.

3.3.3     Sur le plan pratique, bien que MXF soit un format ouvert, l'intégration des métadonnées dans celui-ci s'effectue généralement par un processus propriétaire. Le format MXF présente d'autres avantages pour l'industrie radiophonique, il peut servir à la diffusion professionnelle de programmes en continu (streaming) tandis que d'autres formats containeurs n'acceptent que les téléchargements de fichiers complets. L'utilisation de MXF en tant que conteneur de contenus et de métadonnées pour l'archivage ne devra être acceptée qu'après remplacement de toutes les métadonnées aux formats propriétaire par des formats libres.

3.3.4    On a écrit et dit tant de choses à propos de XML que ce langage pourrait facilement être pris pour une panacée. XML n'est pas une solution en soi, mais une manière d'aborder l'organisation et la réutilisation des contenus. Sa très grande puissance  a résidé dans la combinaison de celui-ci avec une palette impressionnante d'outils et de technologies associées et qui continuent de se développer dans le but de réaliser des économies par la réutilisation et la modification de données. A ce titre, XML est devenu de-facto une norme pour représenter les métadonnées de description des ressources sur internet. La gestion avec XML s'est poursuivie dans l'euphorie pendant une décennie grâce au développement de nombreuses sources libres (open sources) et outils d'éditing XML (Voir 3.6.2).   
 
3.3.5    Bien qu'il soit fait référence dans ce chapitre  à des formats de métadonnées spécifiques utilisés actuellement ou annoncés, cela ne signifie pas pour autant qu'ils aient un caractère normatif. Considérant leurs qualités essentielles (paragraphe 3.3.1), la maintenance technique détaillée, explicite, exhaustive et discrète, la création de données et les changements de politique, avec dates et responsabilités, les futures migrations et les nouvelles versions ne nécessiteront pas de changements substantiels de l'infrastructure de base. Une structure robuste de métadonnées devra être capable d'accueillir de nouveaux formats de métadonnées par la création d'outils spécifiques, tels que des crosswalks (tables de conversion), ou des algorithmes de transcodage efficaces et précis  d’un schéma encodé à un autre. Un certain nombre de crosswalks existent déjà pour des formats tels que MARC, MODS, MPEG-7 Path, SMPTE et Dublin Core. Outre l'utilisation des correspondances crosswalks qui permettent de transformer les métadonnées d'un format à un autre, elles peuvent également être utilisées pour fusionner deux formats de métadonnées ou plus en un troisième, ou bien encore en un jeu d'index consultables. Etant donné un format containeur / transfert bien choisi tel que METS, pratiquement tous les formats tels que MARC-XML, Dublin Core, MODS, SMPTE (etc.), pourront être adaptés. En outre, cette infrastructure ouverte permettra aux services d'archives d'absorber les enregistrements du catalogue, en partie ou en totalité, ceci dans le cadre de leur système légal tout en offrant de nouveaux services tels que la création de métadonnées utilisables pour la collecte - voir OAI-PMH (Open Archives Initiative Protocol for Metadata Harvesting) (Protocole pour la collecte des métadonnées de l'initiative pour les Archives ouvertes.