5.6 Reproduction des disques optiques (CD et DVD)

5.6.1 Introduction

5.6.1.1 Depuis leur lancement en 1982, les disques optiques préenregistrés ont pris une position dominante dans la technologie de diffusion des enregistrements audio. Les disques optiques enregistrables, dont les premiers exemplaires ont été produits à la fin des années 19801, ont progressivement joué un rôle considérable dans la distribution et le stockage des documents sonores non édités. Commercialisé dans un premier temps comme un support permanent, il est devenu clair que la durée de vie d'usage du disque optique n'étant pas infinie, des mesures devaient être prises pour  préserver leur contenu. Ceci est particulièrement vrai pour les disques enregistrables qui, non seulement sont moins fiables que leur équivalent mais sont ont aussi plus de chance de détenir des enregistrements uniques. A moins d'être enregistrés et gérés dans des conditions bien  spécifiées (voir section 6.6 Disques optiques : CD/DVD enregistrables), les disques optiques enregistrables constituent des supports de collection à haut risque. Ce paragraphe du guide  traite de méthodes rigoureuses et efficaces de recopies de disques CD et DVD vers des systèmes de stockage plus pérennes. CD est l'abréviation de Compact Disc ; dans un premier temps, DVD signifiait Digital Vidéo Disc, puis Digital Versatile Disc, mais le sigle est actuellement utilisé sans se référer à un terme particulier.

5.6.1.2 La famille des CD Audio inclut, dans le format CD-DA : les CD édités, les CD-R et CD-RW, tous étant caractérisés par une résolution numérique de 16 bits, une fréquence d'échantillonnage de 44,1 kHz et une longueur d'onde du rayon laser de lecture de 780 nm. Les DVD Audio incluent les SACD et les DVD-A. Les formats de données tels que les fichiers .wav et BWF peuvent être enregistrés comme fichier de CD-ROM et DVD-ROM. Les supports DVD sont caractérisés par un laser bleu de longueur d'onde de 350 à 450 nm environ pour réaliser le glass master et de 635-650 nm pour la lecture, les DVD+R (650 nm), DVD-R (à la fois pour authoring (635 nm)). Les Blu-Ray (BD) constituent un format vidéo haute définition et un format de données sur un disque de 12 cm de diamètre comme le DVD et le CD. Utilisant un laser bleu de longueur d'onde de 405 nm, les BD peuvent stocker 25 GB par couche.

5.6.1.3 Ecriture, réécriture, effacement et accessibilité

5.6.1.3.1 CD et DVD (CD-A, DVD-A, CD-ROM et DVD-ROM) sont des disques préenregistrés (pressés et moulés) destinés à la seule lecture. Ils ne sont ni enregistrables, ni effaçables.
5.6.1.3.2 CD-R, DVD-R et DVD+R à base de colorant sont enregistrables (une seule fois) mais ne peuvent être effacés.
5.6.1.3.3 CD-RW, DVD-RW et DVD+RW sont des disques à changement de phase, réinscriptibles de manière répétée, ce qui permet l'effacement de données précédemment enregistrées et l'enregistrement de nouvelles données au même endroit.
5.6.1.3.4 Les DVD-RAM sont des disques à changement de phase, réenregistrables et formatés pour permettre des accès aléatoires à la manière des disques durs d'ordinateurs.

5.6.1.4 Le tableau ci-dessous (tableau 1 paragraphe 5.6) fournit une liste des différents types de CD et DVD  disponibles dans le commerce.

Disque Type Capacité
stockage
Laser
Longueur
d'onde
écriture
Laser
Longueur
d'onde
lecteure
Usage type
CD-ROM, CD-A, CD-V Lecture seule 650 MB 780 nm 780 nm Disponible dans le commerce
CD-R (SS) Écriture unique 650 MB 780 nm 780 nm Enregistrement musique, données, fichiers, applications
CD-R (SS) Écriture unique 700 MB 780 nm 780 nm
CD-RW (SS) Réinscriptible 650 MB 780 nm 780 nm Données informatiques, enregistrements, fichiers, applications
CD-RW (SS) Réinscriptible 700 MB 780 nm 780 nm
DVD-ROM, DVD-A,
DVD-V: SS/SL
SS/DL
DS/SL
DS/DL
Lecture seule 4,7 GB
8,54 GB
9,4 GB
17,08GB
650 nm 650 nm Films, jeux interactifs, programmes, applications
DVD-R(G) Écriture unique 4,7 GB 650 nm 650 nm Usage général : enregistrement vidéo à l'unité et archivage de
données
DVD-R(A)
SL
DL
Écriture unique 3,95 or 4,7 GB
8,5GB
635 nm 650 nm Authoring/Usage professionnel, enregistrement vidéo et editing
DVD+R SL
DL
Écriture unique 4,7 GB
8,5 GB
650 nm 650 nm Usage général : enregistrement vidéo à l'unité et archivage de données
DVD-RW Réinscriptible 4,7 GB 650 nm 650 nm Usage général : enregistrement vidéo et sauvegarde PC
DVD+RW Réinscriptible 4,7 GB 650 nm 650 nm Usage général : enregistrement vidéo et editing, stockage de données et sauvegarde PC
DVD-RAM
SS
DS
Réinscriptible 2,6 or 4,7
GB
5,2 or 9,4
GB
650 nm 650 nm Données informatiques: Stockage en entrepôt pour mise à jour, sauvegardes
HD-DVD –R SL
DL
Écriture unique 15 GB
30 GB
405 nm 405 nm Données et vidéo haute définition
HD-DVD –R W SL
DL
Réinscriptible 15 GB
30 GB
405 nm 405 nm Données et vidéo haute définition
BD-R SL
DL
Écriture unique 25 GB
50 GB
405 nm 405 nm Données et vidéo haute définition
BD-RE SL
DL
Réinscriptible 25 GB
50 GB
405 nm 405 nm Données et vidéo haute définition

Tableau 1 Paragraphe 5.6 Types de disques CD/DVD disponibles dans le commerce
SS=Single-sided : Monoface, SL=Single layer : Simple couche, DS=Double-sided : Double face, DL=Dual layer : Double couche

5.6.1.5 Dans les conditions optimales, les disques numériques peuvent produire une copie exacte du signal enregistré. Toutefois, pour certains enregistrements audio, toute erreur non corrigée pendant le processus de lecture sera enregistrée de manière permanente dans la nouvelle copie, ou bien, parfois, des interpolations inutiles seront incorporées dans les données archivées. Aucune de ces manifestations n'est souhaitable. L'optimisation de la procédure de transfert doit assurer l'équivalence la plus proche possible de l'information détenue par le support source. On retiendra comme principe général que les originaux devront toujours être conservés pour permettre de futures consultations, néanmoins, pour deux raisons simples et pratiques, tout transfert doit s'efforcer d'extraire le signal optimal de la meilleure source parmi les copies. Premièrement, les originaux peuvent se détériorer et, en conséquence, dégrader la qualité d'une lecture ultérieure ou, peut-être, rendre celle-ci impossible ; deuxièmement, la durée des extractions est telle que les contraintes financières exigent leur optimisation dès la première tentative.


1. Le premier système CD-R, Yamaha PDS (Programmable Disc System) a été lancé en 1988

5.6.2 Normes

5.6.2.1 Normes des disques compacts : Les normes correspondant aux CD ont été élaborées à l'origine par les sociétés Philips et Sony. Les normes sont désignées par une couleur, la première prenant le nom de Livre rouge CD Audio : Philips-Sony Red Book CD Digital Audio, une norme qui inclut le CD graphique (CD Graphics), le CD graphique amélioré (CD (extended) Graphics), le CD-TEXT, le CD-MIDI, le CD Single (8 cm), le CD Maxi-single (12 cm) et le CDV (12 cm). Les normes du livre jaune (Yellow Book) décrivent le CD comme support de données, celles du livre vert (Green Book) décrivent le CD-I, qui supporte des données interactives ; le livre bleu (Blue Book) définit le CD multimedia amélioré  (Enhanced (multimedia) CD) et enfin le livre blanc (White Book) fournit les spécifications du CD-V (vidéo). Le livre orange (Orange Book) contient les normes de disques CD enregistrables et réinscriptibles (décrit plus en détail dans le chapitre 6). Les normes sous forme de livres de couleur, soumises à certaines restrictions, peuvent être commandées en ligne sur le site de Philips à l'adresse http://www.licensing.philips.com/. Elles sont principalement destinées aux fabricants. Il est possible de se procurer les normes ISO décrivant les CDs auprès de l'Organisation Internationale de normalisation (ISO : International Standards Organisation), Secrétariat central à l'adresse : http://www.iso.org/. IEC 908 : 1987, Compact Disc Digital Audio System (CD-DA) (n.b. la norme IEC 908 : 1987 et le livre rouge de Philips - Sony sont fondamentalement équivalents), ISO 9660 : 1988, Volume and File Structure (CD-ROM) (ECMA-119) et ISO/IEC 10149 : 1995, Read-Only 120 mm Optical Data Discs (CD-ROM) (ECMA-130).

5.6.2.2 Normes DVD : La gamme des normes ISO concernant les DVD est étendue. Néanmoins, comme pour les CD, plusieurs versions d'entre-elles sont propriétaires. Elles suivent une appellation alphabétique : la norme fondamentale de DVD-ROM de données est spécifiée dans le livre A, le DVD vidéo dans le livre B, Le DVD-Audio dans le livre C, le DVD-R dans le livre D et le DVD-RW dans le livre E. Les normes ISO sont mises en vente par l'Organisation Internationale de normalisation (ISO), Secrétariat central à l'adresse  http://www.iso.org/ ISO 7779 : 1999/Amd : 2003 Noise measurement specification for CD/DVD-ROM drives. ISO/IEC 16448 : 2002 Information technology -- 120 mm DVD -- Read-only disc et ISO/IEC 16449 : 2002 Information technology -- 80 mm DVD -- Read-only disc.

5.6.3 Sélection de la meilleure copie

5.6.3.1 Contrairement à la duplication des enregistrements audio analogiques qui implique une perte inévitable de qualité d'une génération à la suivante, la duplication des enregistrements numériques peut avoir des résultats variables, depuis l'état dégradé de copies suite aux ré-échantillonnages ou aux conversions ordinaires, jusqu'aux "clones" absolument identiques qui peuvent parfois être considérés comme étant de meilleure qualité que l'original (par l'action des corrections d'erreurs). Pour choisir la copie-source de meilleure qualité, on devra prendre en compte les références audio telles que la fréquence d'échantillonnage, le taux de quantification ainsi que d'autres spécifications comprenant toute forme de métadonnées intégrées. La qualité des données des copies stockées peut se dégrader avec le temps, ce qui doit être évalué par des mesures objectives. Si une copie unique, et en mauvais état physique existe dans une collection, il peut être prudent de prendre contact avec d'autres services d'archives audio pour essayer de trouver une copie de la même séquence en meilleur état.

5.6.3.2 En règle générale, une copie-source doit être sélectionnée en fonction de l'absence d'erreurs pendant sa lecture, ou pour tout le moins, un minimum d'erreurs. Les disques pressés sont plus stables que les disques enregistrables, ils devraient leur être normalement préférés, si un choix est possible. Les conditions physiques peuvent fournir une indication de qualité, toutefois, la seule méthode sûre de sélection d'un disque exempt d'erreurs consiste à effectuer régulièrement, pendant le processus de transfert, un contrôle d'erreurs avec production d'un rapport. Même avec les contrôles d'erreurs et leurs comptes rendus, l'extraction du signal de meilleure qualité reste problématique par le manque de standards des moyens de lecture, aussi différents lecteurs peuvent-ils produire différents résultats à partir d'un même disque (voir 8.1.5 Disques optiques - Normes). Pour tout transfert numérique-numérique, un rapport d'erreurs doit être édité et incorporé aux métadonnées administratives du fichier numérique archivé, avec les mentions du lecteur utilisé.

5.6.4 Compatibilité de la lecture

5.6.4.1 La variété des standards de lecture et la manière dont ils peuvent être encodés rend nécessaire la sélection d'équipements de bonne qualité. Il est plus que probable, par exemple, que les lecteurs autonomes de CD grand public ne liront que les disques CD-Audio et ses variantes, tandis que le drive de CD-ROM d'un ordinateur pourra lire tous les formats s'il est pourvu des logiciels corrects de description des contenus. Les disques DVD ne peuvent être lus que par des drives ou lecteurs CD, alors que de nombreux drives DVD sont compatibles avec les CD.

5.6.4.2 Les tableaux ci-dessous présentent les compatibilités entre certains drives et les médias
 

Types de disque Drive CD-ROM Drive CD-RW ou CD-R/RW Drive CD-R
Lecture Ecriture Lecture Ecriture Lecture Ecriture
CD-ROM Oui Non Oui Non Oui Non
CD-R Oui Non Oui Oui Oui Oui
CD-RW Oui Non Oui Oui Oui Non

Tableau 2 Paragraphe 5.6 Compatibilité gravure-lecture ; CD

 

Types de disque Lecteur
DVD de salon
Lecture seule
Drive
DVD-­‐ROM
Lecture
seule
(ordinateur)
Drive
DVD-­‐R
(G)
Graveurs
Général-­R
Drive
DVD-­‐R
(A)
Graveurs
Authoring-­R
Drive
DVD-­RW
Graveurs
-­ RW,
Général-­R
Drive
DVD+R
W/+R
Graveurs
+RW, +R
Drive
DVD-­RAM
Graveurs
RAM
DVD-ROM Non Non Non Non Non Non Non
DVD-R(A) Non Non Non Oui Non Non Non
DVD-R(G) Non Non Oui Non Oui Non Non
DVD-RW Non Non Non Non Oui Non Non
DVD+RW Non Non Non Non Non Oui Non
DVD+R Non Non Non Non Non Oui Non
DVD-RAM Non Non Non Non Non Non Oui
CD-ROM Non Non Non Non Non Non Non
CD-R Non Non Oui Non Oui Oui Non
CD-RW Non Non Non Non Oui Oui Non

Tableau 3 Paragraphe 5.6 Compatibilité ; DVD (Mode écriture)

 

Types de disque Lecteur
DVD de salon
Lecture seule
Drive
DVD-­‐ROM
Lecture
seule
(ordinateur)
Drive
DVD-­‐R
(G)
Graveurs
Général-­R
DDrive
DVD-­‐R
(A)
Graveurs
Authoring-­R
Drive
DVD-­RW
Graveurs
-­ RW,
Général-­R
Drive
DVD+R
W/+R
Graveurs
+RW, +R
Drive
DVD-­RAM
Graveurs
RAM
DVD-ROM Non en général Oui Oui Oui Oui Oui Oui
DVD-R(A) Généralement En général Oui Oui Oui Oui Oui
DVD-R(G) Généralement En général Oui Oui Oui Oui Oui
DVD-RW Parfois En général Non Oui Oui En général En général
DVD+RW Parfois En général En général En général En général Oui En général
DVD+R Parfois En général En général En général En général Oui En général
DVD-RAM Rarement Rarement Non Non Non Non Oui
CD-ROM Selon Oui Oui Non Oui Oui En général
CD-R Habituellement Oui Oui Non Oui Oui En général
CD-RW Habituellement Oui Oui Non Oui Oui En général
DVD-Audio
DVD-Video
Tous les drives DVD devraient lire les DVD-Audio ou les DVD-Vidéo si un logiciel DVD-Audio ou DVD-Vidéo est bien installé dans l'ordinateur. Les drives DVD-RAM sont incertains.

Tableau 4 Paragraphe 5.6 Compatibilité DVD (Mode lecture)

5.6.5 Nettoyage, restauration des supports

5.6.5.1 Les CD ou DVD ne nécessitent pas d'opérations de nettoyage régulier lorsqu'ils sont manipulés avec soin, mais toute contamination de surface devra être éliminée avant de procéder à leur lecture ou bien pendant la préparation en vue du stockage. Il est important, durant le nettoyage, d'éviter tout dommage de la surface. La contamination par des particules comme la poussière peut provoquer des rayures lors d'un essuyage ; par ailleurs, l'utilisation de solvants agressifs peut dissoudre et ainsi affecter la transparence du substrat en polycarbonate.

5.6.5.2 Pour éliminer la poussière, on pourra utiliser une soufflette ou un jet d'air comprimé propre ; pour des contaminations plus conséquentes, on rincera le disque avec de l'eau distillée ou de l'eau telle que celle utilisée pour le nettoyage de lentilles. Cependant, des précautions devront être prises vis-à-vis de l'inscription pour de nombreux disques CD-R dont l'encre est soluble dans l'eau. On utilisera un coton doux ou de la peau de chamois pour l'essuyage final du disc. Il faut veiller à ne jamais essuyer le disque dans la circonférence, mais toujours radialement depuis le centre vers l'extérieur ; ceci évite le risque de rayures concentriques qui endommagent des zones importantes de données séquentielles. On évitera l'utilisation de serviettes papier ou de tout accessoires de nettoyage abrasif sur les disques optiques. Pour des contaminations sévères, l'alcool isopropylique peut être utilisé si nécessaire.

5.6.5.3 Il est préférable qu'aucune intervention de  restauration physique, de polissage ne soit entreprise sur les disques optiques d'archive car elles entraîneraient des altérations irréversibles de ceux-ci. Toutefois, si la surface du disque (face lecture) présente des rayures provoquant des niveaux d'erreurs élevés, des actions de idem tendant à rétablir le disque dans un état de lecture possible peuvent être permises à des fins de transfert. Des dispositifs de polissage en milieu humide peuvent être utilisés à condition que des tests portant sur les effets des restaurations soient effectués sur des supports de référence avant de les mettre en œuvre. Les actions entreprises consistent à pratiquer des tests sur des disques ordinaires, à réaliser le processus de restauration puis à reconduire des tests pour évaluer l'efficacité des traitements de restauration (pour des détails supplémentaires, consulter ISO 18925 : 2002, AES 28-1997, ou ANSI/NAPM IT9.21 et ISP 18927 : 2002 / AES 38-2000). Bien que des tests préliminaires de polissage en milieu liquide s'avèrent acceptables, l'enlèvement de matière à la surface du disque fait hésiter les archivistes de documents sonores à accepter une telle approche. De plus, le polissage en milieu liquide est efficace seulement pour les petites rayures : les disques dont les rayures profondes infligées délibérément avec, par exemple, un couteau ou des ciseaux, ne pourront guère être rendus lisibles au moyen d'un tel polissage. Les dommages occasionnés sur la face imprimée ne peuvent bénéficier d'aucune méthode de réparation décrite.

5.6.5.4 Avant et après le nettoyage et / ou opération de réparation et avant duplication des CD et DVD, il peut être conseillé de pratiquer, avant toute chose, des mesures de taux d'erreurs, pour le moins :

5.6.5.4.1 Erreurs en salve dans une trame (Frame burst errors - FBE) ou Longueur d'erreurs en salve (BERL)
5.6.5.4.2 Taux d'erreurs bloc (Block error rate - BLER)
5.6.5.4.3 Erreurs corrigibles avant interpolation (E11, E21) et après interpolation (E12, E22)
5.6.5.4.4 Erreurs incorrigibles (E32)
    
Et de préférence :
5.6.5.4.5 Bruit radial et signaux d'erreurs de suivi de piste (tracking - RN)
5.6.5.4.6 Signaux de haute fréquence (HF)
5.6.5.4.7 Dropouts (DO)
5.6.5.4.8 Erreurs de focalisation (PLAN)

5.6.5.5 Un grand nombre de systèmes de mesures de CD et de DVD, de sophistication, de précision et de coûts variables, sont disponibles. Néanmoins, un testeur fiable constitue un équipement essentiel d'une collection de disques pour déterminer si les limites critiques de taux d'erreurs sont franchies. (cf. 8.1.5 Optical Discs - Standards (Disques optiques - Normes) et 8.1.11 Testing Equipment (Equipement de tests). Après nettoyage et remise en état, si un ou plusieurs taux d'erreurs dépassent ces limites, voir 5.6.3 "Sélection de la meilleure copie".

5.6.6 Equipement de lecture

5.6.6.1 Deux approches fondamentalement différentes de la duplication des sources sur CD audio et DVD se présentent : la lecture traditionnelle avec l'équipement de reproduction au format spécifique ; ou l'extraction numérique audio (digital audio extraction, DAE) qui fait appel à des lecteurs d'usage général CD-ROM ou DVD-ROM, communément désignés par "ripping" (découpage) ou "grabbing" (saisie). Le principal avantage de la capture de données ou méthode de découpage est le gain de vitesse.  Si la reproduction traditionnelle implique des transferts en temps réel, la capture de données ou mode "découpage" utilisant des lecteurs grande vitesse permet d'effectuer aisément des transferts des données audio en dix fois moins de temps.

5.6.6.2 Extraction audio numérique : Le principal inconvénient du mode d'extraction audio numérique concerne la prise en charge des erreurs. Le logiciel de découpage le plus simple n'a aucune capacité de correction d'erreurs. Des systèmes plus élaborés peuvent effectuer des tentatives d'organisation des erreurs, mais ils ne disposent pas des fonctionnalités d'implémentation complètes de détection, de correction et de masquage d'erreurs nécessaires pour assurer des transferts fidèles ; ils sont intégrés dans des équipements de format spécifique. Les systèmes haut de gamme promettent une  idem d'erreurs équivalente à une approche de format spécifique ; pourtant, peu d'entre-eux ont été précisément implémentés.

5.6.6.3 La reproduction à des taux nettement plus élevés que le temps réel est souhaitable car  cela réduit les ressources requises par le transfert des documents audio vers le système d'archivage cible. Lorsque le système d'extraction audio numérique peut être automatisé, cela présente l'avantage de libérer des ressources en personnel au profit des tâches intensives de conversion numérique des documents analogiques. Les systèmes automatisés peuvent être utilisés s'ils ne portent aucune atteinte à la fidélité. En fait, les systèmes les plus perfectionnés présentent moins de risques de produire des données incohérentes qui affecteraient les métadonnées notamment, mais ils peuvent malgré tout impacter le contenu lui-même.

5.6.6.4 La reproduction des données numériques audio devrait toujours être accompagnée d'un système de détection précis d'erreurs et de reconnaissance décrivant et identifiant le type et le nombre d'erreurs spécifique du CD, associant ces éléments aux métadonnées spécifiques du fichier audio. Disposition encore plus critique lorsque des processus automatiques, plus rapides que le temps réel, sont mis en œuvre pour l'acquisition des données audio.

5.6.6.5  La reproduction d’un CD audio est un processus dont le succès, ou peu s’en faut, dépend d’une décision quelque peu subjective. Contrairement au transfert des fichiers de données audio, cette décision peut être prise en considérant seulement le protocole d'erreurs. Les formats de données, tels que .wav ou BWF peuvent être contrôlés objectivement par comparaison bit-à-bit entre anciens et nouveaux fichiers. Le CD audio n'est pas constitué de fichiers numériques, mais d'un flux codé de données audio, une différence significative quand il s'agit d'assurer l'intégrité des documents audio.

5.6.6.6 Les systèmes apportant une garantie de détection et de reconnaissance des erreurs, dotés d'un protocole à grande vitesse de lecture pouvant atteindre 12 fois le temps réel sont disponibles sur le marché, ils répondent généralement au marché spécifique de l'archivage.

5.6.6.7 L'exigence minimale d'un système d'extraction audio numérique à des fins d'archivage porte sur la détection et l'alerte des opérateurs vis-à-vis de toute manifestation d'erreurs audio numérique.

5.6.6.8 Approche d'un format de lecture spécifique : Afin de transférer un CD encodé au format CD-A, un lecteur de salon doit être utilisé. Il est nécessaire d'utiliser un lecteur avec sortie numérique afin d'injecter le flux audionumérique via l'entrée numérique d'une carte son. On préférera l'interface standard AES/EBU pour assurer le transfert du flux audio numérique. L'interface SPDIF peut conduire aux mêmes résultats si on utilise des câbles plus courts. Toute conversion entre AES/EBU et SPDIF nécessite l'harmonisation des différences entre les deux standards, notamment les utilisations différentes des bits de statut qui déclenchent les fonctions d'accentuation et de copyright (Rumsey et Watkinson 1993). Cette approche en temps réel présente l'inconvénient de prendre beaucoup de temps et de ne pas permettre l'inscription des erreurs corrigées détectées dans les métadonnées.

5.6.6.9 Les cartes son connectées aux CD audio doivent s'adapter aux deux canaux 16 bits 44,1 kHz. Les équipements de lecture doivent correspondre à la qualité du marché. Des précautions doivent être prises pour éviter les vibrations du lecteur afin d'assurer une fiabilité maximum de l'extraction des données.

5.6.6.10 Le lecteur de CD doit être en bon état de fonctionnement. En particulier, la puissance du rayon laser qui devra obligatoirement rester optimale. La lentille du bloc optique devra être nettoyée de temps en temps. Des appareils combinant radio et lecteur/enregistreur de disques ne peuvent être utilisés. Il est déconseillé d'utiliser des films de protections (appelés CDfenders / DVDfenders) car ils peuvent se détacher du disque et endommager le lecteur 2.


2. CDs aus dem Kühlschrank, Funkschau no.23, 1994, p.36-39. L'amélioration de l'aptitude à la lecture des CD et DVD par refroidissement dans un réfrigérateur est si minime que, bien que démontré théoriquement (mathématiquement), elle n'a jamais été montrée dans la pratique.

5.6.7 Problèmes des DVD-Audio (DVD-A)

5.6.7.1 Les DVD audio comportent 6 canaux audio 24 bits 96 kHz, et/ou deux canaux 24 bits 193 kHz ; toutefois, les sorties numériques de la plupart des lecteurs DVD sont limitées à la résolution de 16 bits 48 kHz pour contrôler les risques de piraterie. LE DVD forum a sélectionné IEEE 1394 (firewire) pour interface du DVD Audio, utilisant le protocole "Audio and Music Data Transmission Protocol" (A&M Protocole) (http://www.dvdforum.com/images/guideline1394V09R0_20011009c.pdf).

5.6.7.2 Le décodage des formats compressés tels que MLP peut être effectué par le lecteur ou lors d'une étape ultérieure de traitement. Les disques peuvent comporter différentes versions : avec ajouts de signaux d'ambiance combinés avec la stéréo, avec des pistes alternatives, accompagnement vidéo, etc., ce qui implique une décision politique considérant toutes les versions collectées ou bien, au contraire, décider d'une alternative à des fins d'archivage. Il est important également, que le personnel des archives soit informé que les disques hybrides, tels que ceux enregistrés conformément au standard du Blue Book / Enhanced CDs, puissent contenir d'autres formes de données. Les graphiques ou données textuelles peuvent constituer des composantes critiques de l'œuvre, aussi convient-il d'en assurer l'acquisition et la conservation.

5.6.8 Problèmes du Super Audio CD (SACD)

5.6.8.1 Le format SACD est basé sur la technique Direct Stream Digital (DSD), procédé d'échantillonnage sur un bit à la fréquence 2,8 MHz non directement compatible avec le PCM linéaire. Au moment d'écrire ces lignes, l'intégration de ce type de signal dans un système d'archivage audio connaît des restrictions, la plupart des lecteurs SACD ne comprennent pas de sortie de flux bitstream SACD ou de sortie signal haute qualité PCM délivré par le flux bitstream. Sony dispose de sa propre interface I-Link firewire. D'autres fabricants ont commercialisé des interfaces propriétaires pouvant prendre en main SACD dans son format natif, mais il n'existe pas d'interface numérique standard de ce format en mesure d'être largement accepté. Les promesses de la mise en œuvre d'un protocole adapté de transmission du SACD par l'interface firewire IEEE 1394 peuvent ne jamais aboutir.

5.6.8.2 Les stations développées pour le mastering SACD permettent l'entrée, la sortie, le traitement des signaux DSD (http://www.merging.com/). On notera que, même pour les traitements basiques, tels que l'ajustement de gain des flux DSD ou SACD, l'approche des traitements informatiques est totalement différente du fait de l'utilisation d'algorithmes différent du PCM. En conséquence, la restauration et l'utilisation de signaux audio encodés à un tel format seront limitées à moins de les convertir en PCM.

5.6.9 Ratio de temps de transfert

5.6.9.1 La durée d'insertion des données audio à partir d'un disque optique, effectuée en temps réel, avoisine un facteur deux par heure de programme. Les approches DAE peuvent réduire cette proportion d'un facteur 10 ; un système juke box chargé de 60 CD et davantage peut effectuer l'opération en quelques heures sans intervention humaine hormis le chargement initial. Une durée supplémentaire doit-être ajoutée pour la sélection des meilleures copies, pour la recopie en cas d'erreurs inacceptables, ainsi que pour la gestion des fichiers et des données.

5.6.10 Minidisc

5.6.10.1 Le MiniDisc original (MiniDisk, MD) est apparu sous deux formes : disque dupliqué en masse, fonctionnant selon les principes du disque optique, et disque enregistrable, réenregistrable en fait, constitué d'un matériau d'enregistrement magnéto-optique (voir section 8.2 disques magnéto-optiques). Les deux sous-formats peuvent être lus par les mêmes lecteurs. Les disques, d'un diamètre de 2,5 pouces (64 mm), sont insérés dans un boîtier (caddie). L'enregistrement des MiniDisc utilise le codage Adaptative Transform Acoustic Coding (ATRAC), un algorithme de réduction de débit élaboré sur le codage perceptuel. Bien que très développés (au moins dans les dernières versions d'ATRAC), les formats de réduction de données éliminent de manière définitive ce qui serait capturé par un format non réducteur, et créent également des artefacts tant dans le domaine temporel que spectral. De tels artefacts peuvent produire des erreurs d'interprétation concernant les composantes spectrales aussi bien que les composantes temporelles, particulièrement lors de l'analyse du signal au moyen d'outils spectraux. Les artefacts dus aux codecs de réduction de données ne peuvent faire l'objet de nouveaux calculs ou de compensations après la phase de traitement, car ils dépendent du niveau, de la dynamique et du spectre du signal original. ATRAC est un format propriétaire qui comporte de nombreuses versions et variations, aussi lorsqu'un objectif d'archivage est envisagé, il est conseillé de ré-encoder les fichiers d'enregistrement comprimés en formats de fichiers tels que .wav.

5.6.10.2 De nombreux lecteurs de MiniDiscs sont dotés d'une sortie numérique produisant un flux de données "pseudolinéaires". Les fichiers résultants devront respecter les spécifications présentées dans le chapitre 2, principes fondamentaux du numérique et être stockés conformément aux recommandations énoncées. Les métadonnées concernant l'origine de tels signaux sont impératives, les formats pseudolinéaires ne pourraient être distingués des formats enregistrés sans réduction de données. Il conviendra d'enregistrer cette information dans l'historique d'un fichier BWF, ou de mentionner l'historique des modifications selon les recommandations PREMIS (voir chapitre 3 Métadonnées).

5.6.10.3 En 2004, le Hi-MD est commercialisé, il intègre des changements du hardware qui, avec les nouveaux media, peut enregistrer jusqu'à 1 GB de données audio. Avec le Hi-MD, il était possible d'enregistrer plusieurs heures de signaux audio compressés mais, plus important, ce format était également capable d'enregistrer des signaux PCM linéaires. A des fins d'archivage, ces enregistrements devront être traités comme les signaux CD et le flux de données, transféré vers les fichiers compatibles avec un système de stockage. L'extraction directe de données audio depuis un HD-MD à haut débit nécessite l'utilisation de logiciels spécifiques propriétaires, dont certains sont disponibles sur des sites de fabricants. Il est conseillé d'acheter immédiatement des équipements de lecture dédiés et les logiciels car le support des fabricants ne peut être garanti dans la durée.20

5.6.10.4 L'utilisation du MiniDisc comme enregistreur n'est pas recommandé (voir section 5.7 Technologies d'enregistrement sur le terrain et approches d'archivage).


20. Sony a annoncé l'arrêt de fabrication des MiniDisc en mars 2013.